Depuis novembre dernier, le phénomène des “gilets jaunes” fait l’actualité politique nationale par ses manifestations partout en France et son activisme médiatique. Le mouvement regroupant des personnes aux profils idéologiques et sociaux très divers, il est difficile de l’appréhender, surtout pour les partis politiques qui sont explicitement rejetés par les manifestants.
Il n’est aucunement question pour le Parti socialiste de “récupérer”, de cautionner ou de porter un quelconque jugement de valeur global sur ce mouvement, qui témoigne à la fois d’indéniables dysfonctionnements de notre système représentatif tout comme d’une certaine vitalité démocratique de la population française.
Tout en condamnant fermement tout recours à la violence dans l’action politique, de quelque bord que ce soit, on peut toutefois esquisser les réflexions suivantes :
- Il s’agit d’un désaveu criant de la politique d’Emmanuel Macron, en particulier ses mesures fiscales qui n’ont essentiellement profité qu’aux plus riches, notamment la sortie des revenus du capital du barème de l’impôt sur le revenu et la suppression de l’Impôt sur la fortune. La taxation des carburants n’apparaît que comme un élément déclencheur, ultime “goutte d’eau” qui a exaspéré les Français-e-s des zones rurales et périphériques qui dépendent aujourd’hui de la voiture au quotidien, pour des trajets rendus sans cesse plus longs par la raréfaction des services publics et la gentrification des centres-villes.
- Dans un contexte d’urgence climatique, la convergence du mouvement avec les revendications écologistes (“Marche pour le climat”, “gilets verts”, “Notre affaire à tous”), ne paraît pas inconcevable et doit même être recherchée. Il demeure indispensable de convertir l’économie française vers un modèle durable, ce qui requiert d’importantes ressources (y compris fiscales) mais aussi des investissements – en partie publics, par exemple dans les énergies renouvelables. On l’aura compris, derrière les effets de communication bien superficiels, c’est sur ce dernier point que pèche encore le gouvernement, trop timoré face aux lobbies existants et dépourvu d’une vraie vision de long terme. Les efforts des Français-e-s, de plus en plus conscientisés à la cause écologique, doivent être reconnus et amplifiés par l’Etat.
- Au-delà, le mouvement peut être vu comme vecteur d’idées utiles pour renouveler nos institutions trop “verticales” (ex. référendum d’initiative citoyenne). Le Président doit à tout prix saisir cette opportunité, à la suite du “grand débat national”, s’il ne veut pas creuser encore plus le fossé qui le sépare de la population.
Alexandre Garcia